Seuls 6% des non-bancarisés sont disposés à ouvrir un compte chez un établissement participatif. 10% des clients des banques conventionnelles devraient passer chez les établissements islamiques et 14% devraient ouvrir un compte chez les deux. 52% des clients s’attendent à ce que les solutions participatives soient moins chères que les produits classiques.

Voilà quelques mois que les banques participatives se sont lancées mais l’on en sait encore très peu sur leur marché. Les établissements gardent en effet jalousement les enseignements tirés des premiers contacts établis avec la clientèle à travers leurs agences et leurs autres canaux d’information. Une enquête sur les banques participatives au Maroc, tout juste dévoilée par le leader mondial des études marketing Kantar TNS (ex- TNS Sofres), devrait aider à y voir plus clair.

Une des grandes questions que l’on se pose encore sur ces établissements est de savoir s’ils contribueront à intégrer dans le secteur bancaire une nouvelle clientèle jusqu’alors non bancarisée ou s’ils prendront des parts de marché aux établissements conventionnels. Pour répondre à cette interrogation, TNS a sondé distinctement les particuliers bancarisés et ceux non bancarisés vis-à-vis de cette nouvelle industrie. Il en ressort que parmi les non-bancarisés seuls 6% sont disposés à ouvrir un compte pour la première fois au sein d’une banque participative. En fait, les répondants qui font état de cette intention sont plus nombreux mais TNS a retraité cet effectif pour ne garder que les particuliers qui sont effectivement à même de passer à l’action, en se basant notamment sur des considérations de pouvoir d’achat. «Selon notre connaissance des habitudes de consommation, cette cible pourrait devenir cliente de banques participatives dans un délai de trois ans», précise Driss Farissi, directeur général de Kantar TNS. En définitive, si l’on part du principe que chaque client non bancarisé devrait ouvrir deux comptes au niveau des établissements participatifs (correspondant à la moyenne observée au niveau national), cette nouvelle industrie devrait faire croître le taux de bancarisation, actuellement établi à 71%, de 12 points sur les prochaines années, selon les anticipations de Kantar TNS.

L’image de l’industrie participative plutôt favorable actuellement

Côté clientèle déjà bancarisée, seuls 24% de la population devraient changer leurs habitudes avec l’arrivée des nouveaux établissements. Sur ce total, 10% disent avoir l’intention de fermer leur compte chez leur actuelle banque conventionnelle, pour en ouvrir un chez un opérateur participatif. La cannibalisation de l’ancienne industrie par la nouvelle devrait donc être contenue à cette dernière proportion. En revanche, 14% ont l’intention de détenir un compte simultanément chez les deux types d’institutions. «En somme, l’idée globale qui se dégage est que les banques participatives ne changeront pas fondamentalement la donne sur le marché bancaire», juge M. Farissi.

Il faut néanmoins bien comprendre que ces résultats sont rattachés à l’actuelle perception de l’industrie participative et qu’ils sont susceptibles de changer avec l’évolution de son image sur le marché national. Justement, cette image est à l’heure actuelle plutôt favorable, ce qui laisse penser que les autorités ont adopté la bonne démarche pour installer cette nouvelle industrie en mettant l’accent sur les produits financiers plutôt que leur dimension identitaire, estiment les équipes de Kantar TNS. En effet, plus des deux tiers des répondants ont un avis positif ou, au pire, se montrent légèrement sceptiques et sont demandeurs d’explications pour se forger un avis sur cette industrie. 25% se montrent ouverts mais avec une faible probabilité d’y adhérer effectivement du fait qu’ils sont difficilement bancarisables ou parce qu’ils s’accommodent de leur établissement conventionnel. A l’extrême, on retrouve des répondants qui rejettent d’office cette nouvelle offre, considérant qu’elle se limite à un habillage marketing. Leur poids se limite à 8% de la population.

L’arabe dialectal souhaité pour la communication sur les produits

Outre ces éclairages, l’enquête fournit des informations intéressantes sur les préférences de la clientèle potentielle, susceptibles d’orienter la communication opérationnelle des établissements. L’on apprend ainsi par exemple que 65% des répondants souhaitent que l’arabe dialectal soit la langue privilégiée par les établissements dans leur communication. Aussi, en matière de médias, la majorité des sondés envisagent en priorité la télévision pour en apprendre plus sur cette industrie. 47% privilégient ce canal quand 34% envisagent les réseaux sociaux (26% pour Facebook et 14% pour Youtube) et 29% se tournent vers les agences bancaires. La part de ce dernier canal devrait aller décroissante, selon les anticipations de Kantar TNS, du fait que les agences ne devraient être fortement sollicitées qu’au lancement de l’industrie où le besoin d’échanger individuellement avec un conseiller se fait le plus affirmé parmi la clientèle.

S’agissant encore d’attentes en matière de produits, les solutions qui suscitent le plus d’intérêt sont sans surprise celles relatives à l’immobilier. Viennent ensuite le financement affecté, les comptes d’investissement, ceux courants, et en tout dernier lieu l’assurance participative Takaful.

Dernier éclairage d’importance, l’enquête de Kantar TNS indique que 52% des répondants s’attendent à ce que les solutions participatives soient moins chères que les produits conventionnels.


Source: http://lavieeco.com