L'économie marocaine est forte de nombreux atouts. Sur la dernière décennie, une diversification considérable s'est accompagnée d'une croissance élevée, associée à un recul notable de la pauvreté. Le chemin n'a certes pas été sans écueil. Les années 2010-2012, marquées par la crise économique mondiale, des cours du pétrole élevés et le printemps arabe, ont vu les déficits budgétaire et extérieur se creuser rapidement, la dette publique s'accroître et les réserves de change diminuer. Mais, depuis lors, j'ai été le témoin des politiques entreprises pour redresser les équilibres macroéconomiques. Ces efforts portent leurs fruits : les déficits se sont sensiblement réduits et la croissance économique devrait s'accélérer cette année. Malgré ces avancées, les défis demeurent néanmoins importants : le chômage reste élevé, en particulier chez les jeunes, et beaucoup reste à faire pour réduire les inégalités de revenu et les disparités régionales et pour accroître la contribution des femmes à l'activité économique.

La transformation de l'économie lui permet aujourd'hui de reposer sur une base solide d'agriculture, de ressources minières (phosphate), d'industrie traditionnelles (par exemple, le textile) et nouvelles (automobile, aéronautique, électronique) et de services (banques, télécoms). Les marchés aussi se sont diversifiés. Si l'Europe reste son principal partenaire, le Maroc tire de plus en plus partie de sa géographie, à la croisée de l'Europe, du Maghreb et du Moyen Orient, de l'Atlantique et de l'Afrique sub-saharienne. Cette dernière en particulier est une destination croissante des exportations marocaines, résultat d'une stratégie délibérée de se tourner vers un marché à fort potentiel.

A moyen terme, les perspectives restent prometteuses mais, dans un environnement extérieur qui demeure soumis à des risques importants, la promotion d'une croissance plus forte et plus inclusive appelle la poursuite d'une politique économique volontariste.

Les efforts d'investissement dans les infrastructures, la santé et l'éducation doivent être soutenus tout en continuant à réduire le déficit budgétaire afin que le poids de la dette ne vienne pas compromettre les résultats engrangés. En particulier, l'éducation et la formation professionnelle ont un rôle crucial à jouer, comme le soulignent régulièrement mes interlocuteurs au Maroc, qu'ils représentent l'administration, le monde syndical ou le milieu de l'entreprise. Poursuivre la réforme des subventions, sur laquelle des progrès considérables ont été accomplis ces deux dernières années, tout en continuant à assurer un soutien aux plus pauvres via des programmes dédiés, permettrait aussi de consolider les acquis. Il est également important de mettre en œuvre rapidement la réforme des retraites, pour assurer la pérennité du système et élargir sa couverture, c'est-à-dire permettre à un plus grand nombre de bénéficier d'une retraite le moment venu.

D'autres réformes sont aussi souhaitables. La poursuite de l'amélioration du climat des affaires, notamment par plus de transparence et de concurrence et par une simplification administrative, est importante pour renforcer la compétitivité. Par ailleurs, un régime de change plus flexible permettrait aussi à l'économie de mieux résister aux chocs extérieurs et d'accompagner la diversification des échanges commerciaux. Améliorer l'accès des ménages et des petites et moyennes entreprises au crédit est également nécessaire pour soutenir la croissance. De surcroit, adapter le code du travail pour rendre le marché de l'emploi plus dynamique, tout en accordant une protection adéquate aux travailleurs, permettrait d'enrichir le contenu de la croissance en emplois. Enfin, la fiscalité est aussi un levier pour promouvoir l'équité sociale et soutenir la compétitivité des entreprises, un sujet amplement débattu lors des assises nationales sur la fiscalité en avril 2013.

Les autorités marocaines sont engagées sur la voie de ces réformes. Pour ancrer le Maroc dans l'économie mondiale, créer des emplois et opportunités économiques pour tous et améliorer durablement les conditions de vie des marocains et marocaines, la poursuite des efforts entrepris est cruciale. C'est en mettant en œuvre les réformes nécessaires et en assurant un partage équitable des fruits de la croissance que se bâtira l'avenir du pays.

 

 

Source : http://www.huffpostmaghreb.com