L'Afrique change, évolue, se modernise. Parfois elle inquiète, parfois elle rassure. Pour certains, ce continent est une caricature de la corruption au pouvoir, de l'instabilité politique, des inégalités socio-économiques clivantes, de l'insécurité permanente, de l'extrême pauvreté ou encore celle d'une société très contrastée victime du capitalisme imposé par les pays du Nord.

Pour d'autres, cette terre est avant tout le berceau de l'humanité et pourrait bien devenir le continent du futur. Sa principale richesse? Sa population, la plus jeune du monde puisqu'aujourd'hui plus de 60% de ses habitants auraient moins de 30 ans. Autre donnée importante: selon une récente étude démographique réalisée par les Nations unies, en 2050, l'Europe tendrait à se dépeupler, surtout à l'Est, tandis que la population africaine représenterait un peu plus d'un quart de la population mondiale.

Face à ce constat réel, nombreux sont les hommes d'affaires visionnaires et politiciens européens qui se sont rendus en Afrique durant ces dernières années afin de nouer ou de renforcer des liens dits stratégiques qui unissent nos deux continents. Bien que leurs propres intérêts diffèrent, tous ont au moins un point commun: leur vision sur l'importance croissante du rôle et de la place de l'Afrique dans le monde.

Au-delà de cet atout démographique remarquable, l'Afrique bénéficie d'autres avantages qui ont su attirer l'attention de nombreuses institutions, entreprises et associations européennes: ses ressources naturelles non exploitées indispensables au développement du secteur technologique mondial, son exemplarité et implication dans la lutte active contre le réchauffement climatique planétaire, sa croissance économique continue, l'émergence d'une classe moyenne, son début de révolution numérique et la création de nombreuses start-ups qui gagnent chaque jour un peu plus de visibilité à l'international.

Seulement voilà, comme tout système, celui-ci aussi a ses limites. Pour s'en rendre compte, il faut aller au cœur du mal africain, à savoir la corruption politique et l'important déficit démocratique qui persistent sur le continent. Les élites africaines doivent prendre la mesure de leurs responsabilités et saisir l'espoir de renouveau. Si elles n'acceptent pas d'engager le changement, d'assumer leurs actes et de refonder leur légitimité, il leur sera très difficile d'instaurer une gouvernance stable capable d'atténuer la brutalité des alternances. Et ce n'est pas tout. Aujourd'hui encore, pour accélérer sa dynamique de convergence avec le monde dit industrialisé, l'Afrique a besoin de l'expertise technique, du savoir-faire et des capitaux européens.

Au fil du temps, c'est donc un partenariat gagnant-gagnant bâti sur la confiance et non sur les vieilles pratiques du passé qui s'établit naturellement entre l'Afrique et l'Europe. Le défi commun des deux parties consiste désormais à construire une nouvelle relation plus transparente, égale et interdépendante entre les deux continents. Pour que ce projet d'affaires internationales aboutisse, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, expliquait dans une tribune accordée au journal Le Monde en 2012 qu'il sera nécessaire de "construire un partenariat fondé sur les hommes, la santé et l'éducation parce que ce sont les valeurs communes des deux continents et les moteurs de leur croissance future".

Quatre ans plus tard, en octobre 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre de la République Française, confirme cette thèse et ajoute: "Pour la France et l'Europe, nous devons être capables de bâtir une alliance avec l'Afrique pour le 21ème siècle car les principaux enjeux pour le monde sont la lutte contre le terrorisme, les défis migratoire, climatique, la démographie, la formation de la jeunesse (...) et beaucoup de ces enjeux se jouent en Afrique".

Pour y parvenir, l'Europe, de son côté, devra accompagner l'Afrique dans la construction de son avenir tout en favorisant son unité réelle. L'Afrique, elle, aura pour objectif principal de parachever sa décolonisation, réactualiser ses valeurs identitaires et développer un projet de civilisation basé sur le concept de "ses potentialités heureuses".

Source: http://www.huffpostmaghreb.com