Le ministre de l’Économie et des finances, Mohamed Boussaid, est un homme optimiste. Il a du moins tenu à le montrer dans sa réponse aux interventions des groupes et groupements parlementaires concernant la 1ère partie du projet de loi de finances (PLF2017), lors d’une séance plénière tenue ce vendredi 12 mai dans la matinée à la Chambre des représentants.

Sur 154 amendements présentés par les différentes commissions parlementaires, 60 ont été prises en considération par le gouvernement.

Sortie de crise

Reconnaissant que le projet de loi de finances de cette année a été élaboré dans des conditions particulièrement marquées par l’urgence, et qui reprend les principales lignes du précédent, Mohamed Boussaid a tenu, toutefois, à souligner que "la première priorité du gouvernement, dans ce travail, a été de redonner confiance en l'économie du pays". Un vœu que le gouvernement voudrait exaucer auprès du citoyen, d’abord, mais aussi auprès des entreprises, des investisseurs et des partenaires financiers.

Pour le ministre, le Maroc sort de sa crise liée essentiellement à des conditions exceptionnelles, dont la sécheresse. Et d’ajouter:"en 2016, 7.455 entreprises ont déclaré faillite (…) Au début de cette année, 12.165 entreprises ont été créées, 2.895 autres ont mis la clé sous la porte". M. Boussaid estime que la croissance économique va enfin s'améliorer. "Nous avons tablé sur un taux de croissance de 4,5%, mais je suis convaincu qu’il sera revue à la hausse dès le deuxième semestre de cette année", prédit-il.

Maintenir les équilibres macroéconomiques

En deuxième priorité, déclare M. Boussaid, le gouvernement aspire à renforcer les équilibres macroéconomiques. "Nous avons reçu des amendements dans lesquels des députés nous demandent d’augmenter les impôts sur les citoyens, mais nous les avons rejetés. Nous n’avons pas réduit non plus les budgets des secteurs sociaux, ni celui des investissements (…) Celui que nous avons décidé d’appliquer concerne uniquement la taxation des voitures de luxe, leur importation est en plein effervescence", précise-t-il.

Autre bon argument de la croissance attendue, le ministre rappelle que le taux de déficit connaît un recul depuis ces dernières années. "De 7,2% du PIB en 2012, le déficit s’est réduit à 5,1 en 2013, à 4,7 en 2014, à 4,2 en 2015 et à 3,9 l’année dernière. Cette année, le taux sera limité à 3%. Ce qui nous permettra de réduire le taux d’endettement à moins de 60% du PIB à l’horizon 2021", se réjouit le ministre.

La dette, un mal obligé 

Au volet de l’endettement, le ministre reconnait que c’est une alternative qui s’impose d’elle-même. "C’est essentiel pour assurer des réformes structurelles de fond (…) L’emprunt nous permet de réaliser les routes, les autoroutes, les hôpitaux, les écoles, les aéroports … Et d’autres chantiers nécessitant des investissements colossaux", tient-il à souligner, ajoutant que le volume d’endettement de la trésorerie ne dépasse pas 64,5% du PIB. "C’est rationnel, par rapport à d’autres pays dont ce taux dépasse les 100% (…) L’endettement pour l’investissement est un indicateur de bonne santé", estime le ministre.

L’investissement public représente, quant à lui, un vecteur de développement dans le cadre d’une vision stratégique accordant une importance capitale aux partenaires privés. M. Boussaid rappelle ainsi l’importance de la relance de la Charte de l’investissement qui a fait l’objet d’une réunion, au début de ce mois, et qui concerne des projets d’une valeur de plus de 63 milliards de dirhams. "Nous devons promouvoir les investissements privés parce qu’ils génèrent la majorité des emplois", justifie-t-il.

Le budget expliqué au citoyen

"Le budget du gouvernement est à l’image de celui d’un foyer avec des entrées (recettes) et des dépenses", explique le ministre en s’adressant au citoyen. Dans sa volonté de vulgarisation,il précise que les principales recettes du gouvernement proviennent des impôts. "Ils nous ont rapporté 189 milliards de dirhams, l’an dernier. 8 milliards de dirhams proviennent des contributions des établissements publics. Alors que les dons, surtout des pays du Golfe, totalisent, 9 milliards de dirhams", précise-t-il. Et d'ajouter: "nos recettes sont de 219 milliards de dirhams, dont la moitié, 104 milliards de dirhams, est consacrée aux salaires des fonctionnaires".

Les dépenses du gouvernement comprennent également, entre autres, la compensation (14 milliards de dirhams), les dettes cumulées (27 milliards de dirhams) et la gestion (38 milliards de dirhams). "Nos dépenses atteignent 259 milliards de dirhams, donc nous avons un déficit de 41 milliards de dirhams. Ce qui nous oblige à nous endetter", déduit-il, précisant que le défi, pour le gouvernement, reste la rationalisation de ces dépenses au maximum.

Que faire?

Le gouvernement table sur le développement de chantiers sectoriels les plus porteurs, dont celui de l’automobile et l’agro-business. "Nous allons aussi mettre en place les décrets nécessaires à la concrétisation des mesures importantes pour la relance industrielle, notamment celle qui dispense les entreprises industrielles nouvellement créées d’impôt pendant 5 ans", souligne le ministre. Ce dernier décrit la volonté du gouvernement de poursuivre "la dynamique des réformes" quel que soit son secteur et sa nature. Objectif: "Accéder au club des 50 meilleurs investisseurs du monde".

Source: http://www.huffpostmaghreb.com